La pièce de l’écriture


Pendant mes vacances, j’ai écrit, ici, chaque matin. Face à cette fenêtre.

À 6h, il y a parfois l'écureuil. À 7h, les pies se chamaillent. Et à 8h, les lapins sont dans l'herbe jaune. Pas avant. 

Ici, dans cette pièce de l'écriture, j'entends le bruit du vent dans les branches des pins et de la mouche qui encore et encore échoue sur le carreau. 

J’entends ce sifflement. Oui, c’est beau. Oui, c’est facile avec un bureau. Oui, mais. Cela n’a pas toujours été ainsi. 

L’écriture a un coût.

Ce lieu de l’écriture de l’été, je l’ai construit, pas à pas, année après année, frustration après frustration. Volé. Bataillé. Enragé certaines fois. Souvent. C’est le résultat de 7 ans de répétitions. De beaucoup de matins d’échec. De quelques matins sublimes, rares, suspendus. 

Avant de pouvoir écrire ici, j’ai d’abord cherché l’autorisation d’écrire tout court. Et puis j’ai aligné scène après scène quelque chose qui s’apparentait à un roman. Mais non ce n’était toujours pas là, pas ça, pas un roman. Alors il a fallu recommencer. Jusqu’à ce que l’écriture soit écriture, jusqu’à ce que l’écriture déborde de l’été. 

Il y a eu les efforts physiques (ranger, rénover, peindre ce lieu), les efforts relationnels (négocier que cet endroit, ce moment de la journée, fermer la porte à clé et culpabiliser). 

Il y aussi le sommeil rogné. Pour écrire dans ce lieu je me lève chaque matin de mes vacances entre 6h et 6h30. C’est le dû que je paie. Et je l’aime ainsi. Je n’en regrette aucune minute de sommeil en moins. 

Enfin, j’écris grâce à des amies d’écriture. Un maillage fin, progressif, précieux. Celles qui vous « relisent avec la langue » (celles et ceux qui ont écrit cet été auront certainement cette belle référence de Charlotte M). Celles qui vous soutiennent et vous portent. 

Mais il y a aussi ceux qui ne comprennent pas. Ne comprendront pas. Ou peut-être un jour oui. Pourquoi se lever au coeur de l’été ? Mais tu écris quoi en fait en ce moment ? Et quand je réponds : je ne sais pas, j’écris pour le moment sans me retourner, je sais que cela peut désarçonner, déranger, désintéresser. 

Qu’importe. C’est ici et maintenant qu’il faut écrire. Quoi qu’il en coûte si c’est ce que vous voulez. 

Je crois beaucoup que l’écriture est solitaire mais aussi solidaire. Chaque mois, j’organise pour mes client.e.s des cafés virtuels pour discuter de ce rapport si complexes à l’écriture. C’est une entraide précieuse - je crois. 


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