Le dehors et le dedans d'un atelier d'écriture
Jeudi, 20h30
Un, deux, trois … six visages apparaissent dans la mosaïques de Zoom. Ce nouvel outil de visio que tout le monde connaît comme si on parlait d’un copain chez qui on part boire l’apéro. Ça c'était avant. Maintenant, on a Zoom en compagnon du soir, du jour, de réunion. On a Zoom, Zoom, Zoom.
Encore un nouveau mot de vocabulaire hérité du confinement.
Pour ce premier atelier, j’étais un peu stressée, je dois l’avouer. Quand le groupe arrive, se présente, on ne sait pas quelle sera l’alchimie. On sait qu'elle va opérer ou non et qu'il n'y a que quelques minutes avant de le savoir. Ces quelques minutes de flottement où j’ai la parole pour présenter l’atelier, son déroulé, et me présenter moi. Tout ça en regardant les participants un à un. Des regards furtifs pour voir leurs visages, leurs yeux, leurs réactions. Je voudrais me taire et observer. Mais je ne peux pas, c’est à moi de parler. Grand bain.
Et puis, très vite, vient le temps de l’écriture. C’est le moment que je préfère. Je vois leurs fronts penchés et en gros plan sur mon écran. Ils m’oublient, ils écrivent. J’entends le papier qui glisse, se froisse, la page qui se tourne. Ou les touches qui pianotent.
J’aime le calme studieux d’un atelier d’écriture. Peut-être parce que j’ai toujours aimé l’école. À cette différence près que dans un atelier d’écriture on ne fait QUE ce que j’aime, exit les autres matières qui m'ennuient.
Un atelier à distance c’est aussi entrer un peu dans l'intimité des participants. Chacun offre une petite fenêtre sur son intérieur. Une lucarne. Certains sont installés à une table ou un bureau, avec des livres derrière eux, d'autres ont préféré le confort et le refuge de leur couette. J’ai adoré cette idée. Que l’atelier puisse être à ce point un lieu refuge pour d’emblée l’envisager comme un cocon, une intimité, au point de se glisser sous l’édredon.
"Un pain au chocolat", "un glissade", "les reflets de la lune", "la peur au ventre à en vomir", "la nationale 7 à scooter", "Colchiques" la chanson, "un tarmac", "beaucoup de madeleines pour trouver Proust", "des seins" et de "la moquette"… On y est. Au coeur. Dans ce qui me procure le plus de plaisir et d’émotions. Cette fois-ci, c’est moi qui me sent emmitouflée dans les mots. Leurs mots. Ceux qu’ils écrivent et qu’ils veulent bien dire, tout haut.
L’atelier d’écriture a ce quelque chose de magique. Un espace d’intimité et de possibles à l’infini. Une rêverie tantôt poétique tantôt aiguisée.
Un lieu clos et ouvert.
Un dehors et un dedans.
Une solitude et un collectif.