Lola Sorrenti
Conseil éditorial à Paris 10

Les blocages d’écriture


Il y a 4 ans, presque jour pour jour, je savais ce que je ne voulais plus. Pas consciemment et pas totalement mais je savais que certaines tâches, certaines directions ne faisaient plus résonance.

En revanche, j’ignorais parfaitement ce que je voulais faire, dire, défendre.

 

C’est un atelier d’écriture - au sein de la belle école Les Mots - qui sans crier gare m’a jeté dans la gueule du loup : celle de l’écriture.

 

Depuis je n’ai de cesse de la sillonner, de la questionner, de la découvrir à tâtons, cette gueule. Parfois l’écriture s’offre à moi, généreuse, parfois elle me met en attente. Elle se refuse.

 

De mon expérience d’écrivante (à celles et ceux qui ne connaissent pas ce mot, il vous reste la joie de découvrir Martin Winckler*) et de mon expérience d’accoucheuse de mots (et de maux) en atelier, je constate que les blocages sont universels. Que l’expérience soit petite ou grande, il semblerait que ce soient les mêmes peurs qui se dressent face à nous et nous retiennent d’écrire.

  • celle de ne pas avoir le temps d’écrire,
  • celle d'oser se lancer,
  • celle d’abandonner en cours de route,
  • celle ne se laisser submerger par les doutes.

 

La question du temps

Soyons clair, le temps pour écrire n'existe pas, il se créée !

Le temps ou plutôt la place que l'on veut donner à l’écriture est le premier frein. À ceux qui me suivent en atelier, je répète souvent la formule d’Emmanuelle Bayamack-Tam : « Le temps d’écriture, il faut l’arracher, le disputer à soi et aux autres ». Je crois fermement dans cette approche. 

 

Se jeter dans le grand bain de l’écriture

Une fois que vous avez fait de la place pour écrire, il est question de se lancer et d’oser. Se jeter dans l’eau glacée. Accepter qu’on ne sait pas ce qui va advenir, ce que les mots vont former comme phrases et les phrases comme paragraphe.

Alors, le mieux est encore d'essayer. 

 

Aller jusqu'au bout

Une fois les paragraphes empilés, passés les 30, 40, 50 premières pages, l’essoufflement et le doute prennent souvent place. À quoi bon poursuivre ?

De toutes mes forces, je vous encourage à aller au bout de votre projet d’écriture. D’abord parce que c’est un accomplissement, et parce qu’en allant au bout, il se passe quelque chose de supplémentaire dans l’écriture. Ne pas lâcher, c’est s’offrir une victoire à coup sûr.

Parfois laisser reposer le texte plusieurs semaines, suivre un atelier d’écriture, soumettre son texte à un regard franc et extérieur peut vous aider à retrouver l’élan.

 

Modérer les avis extérieurs

Enfin, face à vos doutes, mon conseil serait de peu ou ne pas trop vous écouter. Leila Slimani rappelle qu’écrire c’est être humble mais croire suffisamment en soi pour ne pas être en proie aux doutes qui immobilisent, qui empêchent.

Il faut avancer le nez sur la page, une page après l’autre. Mon conseil serait de vous entourer de peu de personnes qui peuvent avoir accès à votre écriture et de privilégier celles qui vous connaissent et qui savent l’importance que tient ce désir dans vos vies. Le plus souvent, le regard d’un proche ne fait que confirmer ce que vous pressentez, alors faites-vous confiance. Exit les doutes et les jugements qui pourraient vous détourner de votre objectif.

 

En somme, donnez-vous le droit d’écrire ! 

 

Lola Sorrenti

*Martin Winckler, Ateliers d'écriture, P.O.L


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