Cette période de confinement, de privation mais aussi de courage à celles et ceux qui assurent notre santé, a fait remonter un souvenir.
C’est une lettre que j’ai écrite il y a un an. Dans un moment de gratitude. Gratitude pour celles (et ceux, je ne les oublies pas, mais je n’ai côtoyé de des sages-femmes femmes) qui m’ont accompagné pendant de longues heures. Je me souviens de ce sentiment de gratitude qui m’obsédait presque. Je trouvais cela incroyable de constater par moi-même - car j’ai eu la chance de ne jamais avoir à fréquenter les hôpitaux pour quelque chose de plus sérieux que trois points de suture au pouce à l’été 2017 – le dévouement avec lequel elles travaillent. Le temps de leur vacation, de jour comme de nuit, nous sommes leurs priorités.
J’avais trouvé ça déroutant mais aussi passionnant.
Le 19 avril 2019, j’avais écrit aux sages-femmes de la maternité des Lilas.
J’avais pris mon stylo et un carnet, et j’avais griffonné quelques mots. Comme une reconnaissance anonyme. J’ai rangé ces mots au fond d’un tiroir en me promettant que je leur enverrai pour les remercier. La vie a défilé et je ne l’ai jamais fait.
Alors inconsciemment cette période a fait remonter cette lettre au bord de ma mémoire. En la relisant, j’ai trouvé que quelque chose résonnait étrangement avec cette période d’incertitude et de crise.
J’ai décidé de la partager, plus largement qu’à la salle de repos des sages-femmes de la maternité des Lilas. Il y a avait comme une nécessité à dire, humblement mais à voix haute : MERCI !
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« À elles …
Elles s’appellent Emma, Mélanie, Amélie, Juliette, Megan, Lucile, Samia , Flora...
C’est un exercice périlleux que celui de faire l’inventaire de ces personnes, car je prends le risque certain d’en oublier. Bien sûr que j’en oublie...
Mais je tiens à les nommer, pour signifier que derrière ces prénoms ce sont des individus, des femmes en l’occurrence. Elles ont des vies, le soir ou le matin en rentrant chez elles, elles retrouvent une famille, des obligations, des plaisirs et probablement comme nous tous des problèmes. Le quotidien trivial comme chez vous et moi.
Vous n’avez jamais pensé à elles avant. Pourtant vous avez parfois imaginé de longue date vote projet de parentalité. Quel prénom, quelle alimentation, quels choix d’éducation, si vous l’enverrez dans une école publique ou privée... autant de choses qui projettent votre enfant à venir loin dans une vie. Mais nous ne pensons pas à elles. Et pourtant elles sont là, elle se tiennent prêtes. Sans elles, rien n’aurait été possible. Elles sont ces combattantes et ces fées de l’ombre . Bien sûr, c’est leur métier. Mais c’est tellement plus. Elles vous accompagnent dans l’un des voyages les plus inconnus d’une vie. Terrifiant et magique. Elles vous aident littéralement à donner, sortir de vous la vie. C’est leur métier mais c’est bien plus. Ce sont des femmes exceptionnelles qui discrètement donnent la vie, tous les jours, plusieurs fois par jour, d’autres fois aussi, simplement et avec pudeur, vous aide à l’arrêter. Car c’est votre choix. Rien d’autre.
Elles sont belles, elles sont puissantes, elles sont admirables. Ce sont des femmes d’engagement. Je n’en reviens pas de leur force. Bien sûr comme toutes les jeunes mamans je les remercie infiniment et pour toujours. Mais au-delà de mon accouchement, je voulais leur rendre hommage. C’est un métier qui vaut bien plus que le salaire et la reconnaissance dont elles jouissent. Alors mon merci n’est que bien peu de choses mais l’espace de quelques lignes je souhaitais que nos esprits s’arrêtent sur elles »
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